The way we live in Georgetown

The way we live in Georgetown


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Méconnue ou ignorée, Georgetown, la capitale du Guyana exerce pourtant un charme hypnotique et suranné. D’une rue à l’autre, s’offre ainsi à nous l’impression de passer d’une bourgade américaine des années 60/70 à un marché jamaïcain, pour se retrouver plus loin au fin fond du Bronx, à moins que ce ne soit dans un commerce de New Delhi. Mais pour se laisser charmer, il aura au préalable fallu fermer les yeux devant les déchets qui jonchent le sol et bouchent les canaux de la ville. Nous sommes déjà loin de Paramaribo…

Ce qui frappe en premier lieu dans le centre-ville de Georgetown, c’est le bruit, le mouvement et le bruit, l’un dans l’autre. La circulation, les taxis, les files de minibus, la chaleur qui enrobe tout ça, les passants qui slaloment dans la circulation, les vendeurs ambulants ou pas, les magasins, partout. L’incitation à consommer à tout prix, amère frénésie qui touche tous les pays, mais les pays émergents avec beaucoup moins de scrupules, beaucoup plus « d’honnêteté ». Un opérateur téléphonique a d’ailleurs comme slogan : « Even a Dollar has a value » (pour rappel et en simplifiant, le change, 250 dollars Guyaniens = 1 euro). Pays anglophone résolument tourné vers « the American way of life », le Dollar cristalliserait en d’autres temps les rêves les plus fous. Au XXIe siècle, ceux-ci sont irrévocablement tués dans l’œuf. La vie est dure.

Lors de ce 3e séjour à Georgetown, j’ai eu l’occasion de rencontrer ou de revoir des gens. Lors de nos discussions, ceux-ci en sont rapidement venus à parler de la situation politique et économique au Guyana en 2013. Donna, cette femme que j’avais croisée l’an dernier alors que je faisais des photos dans son quartier, m’a présenté sa fille et sa mère, Sheena, vieille femme au regard apaisant. Seule cette dernière pouvait parler d’une époque où il faisait bon vivre dans la capitale guyanienne. La Reine Élisabeth venait alors séjourner à Georgetown et se faisait sans doute acclamer.

Comme me le rappelèrent Daron, Franck et leurs amis, rencontrés au hasard d’une balade dans le quartier de « Sophia » (prononcer « So faya »), les origines ethniques orientent le débat politique, la vie est de plus en plus chère, les pauvres de plus en plus pauvres.

Malgré tout, une force collective et une détermination se dégagent des habitants de Georgetown, comme si la devise du pays “ One people, one nation, one destiny ” faisait office de carburant populaire. Cette énergie se retrouve dans les sourires, dans la conviction des échanges verbaux. Dans la musique, omniprésente.

Et en dépit de certains clivages ethniques, du désintérêt politique croissant et des “ combines ” en tout genre, une cohésion se dégage de ce peuple, une fierté d’être guyanien, une volonté de s’en sortir par soi-même en s’épaulant les uns les autres. Car il n’y aura pas d’aide de l’État sous quelque forme que ce soit. Une fois sorti de l’école, il faudra avancer et se construire par ses propres moyens.