Le sentier de l'Habitation jésuite de Loyola à Rémire Montjoly

Le sentier de l'Habitation jésuite de Loyola à Rémire Montjoly


Aujourd’hui, le site est en lieu d’être défriché, consolidé, restauré. Loyola émerge de plusieurs siècles d’oubli. Sous l’encadrement technique de Thomas Moussu, appareilleur et tailleur de pierre de l’association CHAM (Chantiers histoire & architectures médiévales), une dizaine d’hommes de tous âges recherchent les premières assises des murs, conservent ce qui peut l’être, sélectionnent les blocs de remplacement. Les moellons sont montés au cordeau puis liés par un mortier de chaux* hydraulique naturelle, « pour laisser respirer les murs » explique Thomas. L’équipe dépend de deux associations, ROZO et l’Institut Médico Educatif Départemental (IMED). Quand la Direction de la Jeunesse et des Sports lui a fait part de ce projet de travail avec une autre structure, Jacques Hulic, encadrant pour l’IMED, ne s’attendait pas à une telle réussite : « une vie de famille s’est installée » souligne-t-il. Les hommes qui œuvrent ici ont des raisons d’être fiers de ce qu’ils ont accompli. Originaire de Haïti, Lysson, 63 ans, compare Loyola aux nombreux sites haïtiens laissés à l’abandon et se réjouit de sa mise en valeur. Fred, 28 ans, espère quant à lui qu’il pourra y emmener ses enfants, dans quelques années, pour leur monter « son travail ». Les pilotes de cette opération sont le Conservatoire du littoral – qui a pu acquérir le terrain grâce au soutien de la mairie de Rémire-Montjoly – et la DRAC de Guyane, qui veille sur ce site protégé au titre des Monuments historiques.

Un sentier qui suit en partie les vestiges de l’ancien aqueduc permettra prochainement de relier la route de Rémire à la route des plages. Il cheminera au travers d’une belle forêt secondaire caractérisée par une forte concentration de bois-diable (Hura crepitans). D’autres projets existent, comme celui d’un jardin ethno-botanique ou la reconstruction de la maison de maître. La fouille qui pourrait s’effectuer dans le quartier des esclaves nous semble d’un intérêt particulier.

Loyola fut en effet construite par des centaines d’hommes et de femmes esclaves. La réhabilitation de ce site historique est plus qu’une simple valorisation du patrimoine, c’est un devoir de mémoire. Préserver pour ne pas oublier ce qui caractérisa l’une des pires périodes de l’histoire coloniale française. Rendre visible pour que l’histoire des esclaves ne soit pas celle du silence.

http://www.une-saison-en-guyane.com/n04/les-sentiers-du-littoral-loyola-un-sentier-pour-la-memoire/