La drague aurigère Conrad sur la crique Ipoucin
A l’aube du XXe siècle, cinquante ans après la découverte de l’or en Guyane, les grands gisements alluvionnaires des bassins du Sinnamary, de la Mana et de la Comté, souvent exploités par des sociétés à capitaux métropolitains, commencent à donner des signes d’essoufflement relatif. Les productions faciles des premières années d’exploitation semblent appartenir au passé.
Chaque exploitant a devant les yeux des gisements qu’il ne peut atteindre : les alluvions dissimulées sous le lit vif des cours d’eau mais aussi celles des plaines alluviales marécageuses que les exploitations sont contraintes d’abandonner en saison des pluies ; autant de difficultés que les moyens techniques du moment pour l’exploitation des placers aurifères ne permettent pas de résoudre. Il se pose également le problème de la nécessité d’optimiser le rendement des exploitations. C’est devant cette problématique, exprimée alors de façon identique partout dans le monde, que va intervenir un véritable saut technologique dans l’industrie minière aurifère à partir de techniques héritées des régions portuaires. Il s’agit d’adapter à l’exploitation des gisements alluviaux des engins de dragages destinés jusqu’alors à des travaux de curage des canaux. Cette innovation se verra alors appliquée à l’industrie minière dès les années 1870 en Californie, puis connaîtra un développement rapide partout dans le monde. En Amérique de Sud, le dragage des alluvions aurifères s’est principalement développé en Guyane française et pour une moindre part au Suriname et au Guyana.