« Pour moi la France c’est un peu comme ici.

Mi trouv i chanz pa rien oprè de la Réunion parske la galère néna partou, nout’ tout’ nou galèr’. Nou ve avansé, nou na l’envie sof ke kan ou ve avansé ou gingn pa rien, rod travay i trouv pa et aprè domoune i moukate à ou ; mais fo essay d’met à ou dan’ la peau de la personne en fét, fo konét’ son situation, se ke la spasé dan’ son vie, konét son histoire et chakin son galèr’. »

« Pour moi la France c’est un peu comme ici. Je trouve que ça change rien par rapport à la Réunion parce qu’il y a la misère partout.

On veut avancer, on a l’envie mais quand on veut avancer on ne reçoit rien ; on cherche du travail et on en trouve pas et après les gens nous critiquent ; mais il faut essayer de se mettre dans la peau des autres, il faut savoir dans quelle situation ils sont, leurs histoires, ce qu’il s’est passé dans leurs vies car chacun a sa galère. »

Brandon, 20 ans.

Ces photographies sont le résultat de ces heures passées à arpenter le sol des quartiers de Bras Fusil et Europe situés en bordure de la ville de Saint Benoit à l’île de la Réunion.

Elles tentent de montrer l’atmosphère qui y règne.

Au fil des images, on déambule dans ces lieux où les noms des groupes d’habitations sont parfois ceux de dieux grecs.

Quelques heures pour croiser les habitants au pied des immeubles lassés, délaissés par le centre-ville.

Quelques heures où les regards s’arrêtent, les corps se mettent en scène.

Quelques heures au fond de ces ruelles où seuls ceux qui y vivent viennent en fouler le pavé.

Ces quartiers appelés « prioritaires » n’ont pas la place qu’ils devraient avoir, victimes de cette figure de style nommée anticatastase. Ils ne tiennent pas la première place et ne passent pas avant tout.

J’ai voulu mettre en avant ceux qui habitent ces endroits de nulle part, à la périphérie des villes.

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